Au détour d’une interview , le président du Grand Lyon, Gérard Collomb a souhaité qu’on limite le nombre de nouveaux logements sociaux à Vénissieux. Malin, le Progrès en a profité pour faire réagir Pierre-Alian Millet, adjoint au maire , Président de la Sacoviv et grand Manitou du logement à Vénissieux. Une interview incroyable (pdf) bourrée de de contradictions, truffée de “yaka faucon” avec l’indispensable dose de mauvaise foi.Une interview que nous ne pouvons pas nous empêcher de reproduire… en la commentant !
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[Le progrès ] – Pierre-Alain Millet, que répondez-vous à Gérard Collomb qui demande à Vénissieux de ne plus construire plus de 50 % de logements sociaux ?
Je lui dis « Chiche ! » Nous nous mettrons facilement d’accord avec lui sur ce sujet. Non seulement cela nous va, mais même 40 % sera déjà bien ! Malheureusement, ce n’est pas ce que nous dit son vice-président à la Métropole en charge de l’urbanisme, Michel Le Faou : il évoque un maximum de 100 logements sociaux sur une prévision de 400 construits, soit 25 %. Mais comme nous serons bien au-dessus des 400 nouveaux logements, le pourcentage sera inférieur à 25 %.
[Ensemble pour Vénissieux ] – Malheureusement, ce n’est pas ce que fait la mairie de Vénissieux en approuvant des programmes de constructions neuves constitués à 100% de logements sociaux… comme lors des délibérations des conseils municipaux du 2 février, du 14 octobre, ou du 22 juin 2015.
[Le progrès ] Quelle est, selon vous, la bonne jauge ?
Nous ne calculons pas au pourcentage. Nous voulons répondre aux demandes, nombreuses et en augmentation. 3 000 demandeurs sont déjà inscrits sur liste d’attente (2,5 ans en moyenne pour obtenir un logement). Avec les chiffres de construction annoncés par la Métropole, qui incluent les démolitions de la rénovation urbaine, nous aurons des pertes nettes en logements sociaux d’ici dix ans.
[Ensemble pour Vénissieux ] – “Nous répondons à la demande” – un bel exemple de politique volontariste ! Puisqu’il y a de la demande de logements sociaux à Vénissieux, construisons des logements sociaux à Vénissieux. Peut être qu’un jour l’adjoint Millet se rendra compte qu’il est aussi conseiller métropolitain et que les politiques de l’habitat ne peuvent se décider qu’au niveau métropolitain pour être efficaces.
[Le progrès ] Que demandez-vous ?
« Nous souhaitons ralentir le rythme de constructions au total, car les 900 logements par an à venir sur les trois prochaines années ne sont pas supportables par la Ville, à l’image des 1 150 logements de 2013. C’est problématique pour les communes qui doivent prévoir les bâtiments publics nécessaires à cette augmentation de population (écoles…). Par contre, le coup de frein ne doit pas toucher les logements sociaux. 40 % nous semble une fourchette appréciable, mais cela sous-entend une dimension budgétaire et un effort que la Métropole, par le biais de l’aide à la pierre, n’a pas très envie de faire. »
[Ensemble pour Vénissieux ] “Nous répondons à la demande »… mais « nous voulons moins de logements”…. allez comprendre ! – « Nous ne calculons pas au pourcentage”, mais « nous voulons 40% de logements sociaux« . Allez aussi comprendre… 40%, c’est d’ailleurs 15% de plus que le seuil légal imposé qui est de 25% Mais si Pierre-Alain dit que c’est une “fourchette appréciable”, on n’a qu’à le croire !
[Le progrès ] Quid des propos du président de la Métropole sur la situation mono-ethnique des quartiers concentrant de nombreux logements sociaux ?
« Les ghettos ne sont pas ethniques, mais sociaux. La seule réponse pour sortir de cette situation est de réduire la pauvreté, donc de créer des emplois et d’augmenter les salaires ! Quant aux « Minguettes de la diversité », cela me fait bien rire : le quartier concentre plus de 50 nationalités venant des cinq continents ! On fait pire comme quartier mono-ethnique ! C’est plutôt l’apanage des quartiers aisés ! La ségrégation sociale que nous refusons s’accompagne très bien de la diversité des origines des pauvres, immigrés et français. Ce qui pose problème dans ces quartiers, ce sont la pauvreté, l’économie parallèle et l’affaissement de la République ! La ville de Vénissieux travaille depuis longtemps pour faire des Minguettes une vraie ville, avec des constructions diversifiées qui font d’elle ce grand quartier populaire ayant le plus de logements en accession. »
[Ensemble pour Vénissieux ] – Mais bon sang, mais c’est bien sûr ! la solution est simple : “il faut réduire la pauvreté, créer des emplois et augmenter les salaires !” Mais pourquoi les responsables politiques n’y ont pas pensé plus tôt ? yaka faire ça !
Mais si Pierre-Alain MIllet refuse tant la ségrégation sociale, pourquoi vénissieux s’obstine-t-elle à construire 50% de logements sociaux alors que l’obligation légale est de 25% ?
Pierre Alain Millet a cependant raison sur un point : les quartiers aisés sont souvent plus mono-ethniques que Vénissieux. Il n’y a qu’a se promener dans le 6eme arrondissement à Lyon pour le constater. Pour remédier à cette situation, il suffirait d’enlever aux maires le pouvoir d’attribution des logements sociaux et de le confier à la métropole. La municipalité de Vénissieux est elle prête à ce terrible sacrifice ?