rapport n° 2 : égalité Femme Homme – Lotfi Ben Khelifa
Madame le maire,
La loi du 4 aout 2014 rend donc obligatoire la présentation d’un rapport sur la situation en matière d’égalité entre les femmes et les hommes au sein de la collectivité.
Nous regrettons que la mairie n’ait pas pu depuis 2014 se doter d’outils permettant de présenter des données genrées, mais nous sommes certains que cela sera le cas l’année prochaine.
Il est en tout cas un domaine où l’égalité femme homme se porte bien à Vénissieux, c’est la politique !
Vous êtes UNE maire, je suis UN opposant, une parfaite égalité, n’est-ce pas ?
Tous les deux, nous sommes également la cible de critiques, plus ou moins justifiées, plus ou moins virulentes, plus ou moins agréables…
Vous comme moi, nous sommes même parfois destinataires de courriers anonymes et souvent injurieux.
Je ne m’en plains pas, vous non plus, nous avons choisi tous les deux de faire de la politique.
Mais il y a une petite différence entre nous deux.
Une différence qui se voit, une différence qui se lit dans nos noms…
Je crois pouvoir dire, sans me tromper, que j’ai reçu beaucoup plus de messages d’insultes racistes que vous n’en recevrez jamais.
Là encore, je ne m’en plains pas, il faut faire avec.
Mais puisque je suis engagé politiquement, j’ai décidé il y a de cela plusieurs années, de rendre publiques toutes ces insultes racistes.
Je publie sur mon blog tous les courriers, tous les messages téléphoniques, tous les e-mails anonymes que je reçois et qui transpirent de cette petite haine lâche et quotidienne.
Ces publications ne sont pas anecdotiques, elles ne sont pas là pour faire rigoler ou attirer la compassion.
On ne rit pas du racisme, et à mon âge, la compassion, je n’en ai plus besoin.
Ces publications sont un un moyen de mon combat politique.
Elles donnent à voir ce qui est caché et ce qui fait souffrir beaucoup de petits Farid ou de jeunes Fatima.
Il faut donner à voir le racisme quotidien pour mieux le combattre.
Et c’est ainsi que j’ai publié, l’année dernière, sur mon mur facebook une lettre anonyme pleine d’insultes racistes à l’encontre d’un conseiller municipal de Givors d’origine maghrébine.
Des passages de cette lettre étaient aussi injurieux, pour vous comme pour moi, madame le maire.
Nous aurions pu nous rejoindre pour dénoncer ensemble cette lettre injurieuse et raciste.
Mais vous avez choisi un autre combat.
Vous avez décidé de me traîner devant les tribunaux pour des propos qui – il faut le rappeler – ne sont pas de moi.
Je dois dire que je ne suis pas étonné de votre décision : l’affaire était trop tentante. !
Faire condamner Lotfi Ben Khelifa pour injure publique, quelle belle affiche !
Le progrès ne s’en est d’ailleurs pas privé et j’ai eu, pour la première fois, l’honneur de la une de ce journal
Je note au passage que lorsqu’une responsable CGT du CE d’une entreprise vénissiane est condamnée pour vol, le progrès oublie délicatement de citer son nom…
Car j’ai été condamné.
En fait, Madame le maire, vous et moi, nous avons été condamnés tous les deux.
Vous pour procédure abusive – vous n’aviez pas à engager des poursuites sur des faits non prouvés – moi pour avoir laissé deux commentaires sur mon post facebook considérés comme injurieux.
J’ai fait appel de cette décision incompréhensible en droit.
Mais comme nous ne sommes pas ici au tribunal, je ne vais pas discuter de cette décision de justice.
Nous sommes ici au conseil municipal.
Je suis votre opposant politique, et je vais parler politique car c’est le lieu du débat démocratique.
Depuis que vous êtes maire, vous avez engagé des poursuites à l’encontre de 6 vénissians pour les faire condamner en raison de leur expression.
Depuis votre élection, vous, vos services et vos avocats, vous passez un temps non négligeable à tenter de faire taire tous ceux qui osent critiquer votre politique et votre gestion.
Depuis que vous êtes élue, vous tentez d’intimider des habitants peu fortunés en médiatisant toutes vos poursuites….
Cette stratégie est en fait nouvelle.
On ne se souvient pas de Marcel Houël ou d’André Gerin traînant leurs opposants devant les tribunaux
Non, vos prédécesseurs, eux, menaient une politique.
On pouvait être d’accord ou non avec leurs orientations, il y avait un projet, un débat, de la politique…
Mais depuis que vous êtes maire, vous n’avez de cesse de saisir la justice pour condamner tous ceux qui osent s’exprimer contre votre municipalité.
Pourquoi une telle attitude ?
Pourquoi, vous qui vous dites si attachée à la liberté d’expression, passez vous autant de temps à faire taire vos opposants ?
Pourquoi ?
Je crois avoir trouvé la raison, elle est toute simple !
Si vous passez du temps à poursuivre les vénissians, c’est en fait parce que vous n’avez pas de politique, vous n’avez pas de projet.
Sans ambition pour Vénissieux, isolée de la métropole, sans marge de manoeuvre budgétaire, vous sentez bien que la population se dérobe.
Vous voyez bien que les vénissians ne vous font plus confiance, vous entendez les critiques de toute part…
Dans une telle situation, la menace peut apparaître comme une solution.
Rassurez vous, vous n’êtes pas la seule à adopter cette stratégie.
“Qu’ils me haïssent, pourvu qu’ils me craignent” aurait dit un empereur romain… avant d’être assassiné par les soldats de sa garde.
Mais je ne vous crains pas, Madame, et aucun vénissians ne devrait vous craindre ou redouter de s’exprimer.
Je ne vous crains pas et je vais continuer à combattre votre politique justement pour que les vénissians retrouvent un espoir pour leur ville.
Je ne vous crains pas et nous allons proposer un projet neuf pour vénissieux qui rassemblera bien au delà de vos rares affidés.
Nous ne vous craignons pas, Madame, et nous allons vous le montrer.
Je vous remercie